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Crédit photo : La DH

Le 26 juin dernier, alors que la coupe du Monde en Russie battait son plein, nous apprenions le décès de Marc Lesenfants, élément-moteur du développement du football féminin en Belgique, membre émérite de l’Union belge, figure de proue du ballon rond dans la capitale, ancien président d’ Etterbeek et l’on en passe. Nous ne pouvions par contre pas passer à côté d’un ultime hommage à ce personnage optimiste mais pondéré, honnête et jovial, qui transformait le sport-roi en poésie. Témoignages.

«J’ai rencontré Marc pour la première fois il y a plus de 30 ans. J’ai même entraîné l’équipe première d’Etterbeek, son club de cœur, quand il y était président. Le foot nous a évidemment toujours liés mais pas que… Il y a une quinzaine d’années, j’ai eu l’occasion de le revoir et à ce moment-là, il nourrissait un grand projet d’école de formation au stade Guy Thys. Il voulait absolu- ment que je sois de la partie aux côtés de Monsieur Capidis notamment. Cela a magnifiquement fonctionné pendant quatre ou cinq ans et puis il y a eu des problèmes internes au sein du club sur lesquels je ne m’étendrai pas mais qui avaient profondément touché Marc. L’étape suivante de sa carrière sportive, ce fut le foot féminin. J’ai soutenu sa candidature parce que c’était un homme avec un grand cœur et un côté très humain, qui avait aussi une profonde fibre sociale. Il voulait s’occuper des jeunes pour qu’ils ne traînent pas dans les rues. Parfois, nous remplacions presque les parents pour remettre certains gamins sur le bon chemin. Il a marqué sa commune à tout jamais et je pense beaucoup à lui. Prononcer un discours à sa mémoire lors de son dernier au revoir fut un exercice difficile mais je lui devais bien ça.»

Michel Leman, Etterbeck

«D’écrire la complicité que j’avais avec Marc, ou expliquer son impact dans le paysage du foot à Etterbeek, à Bruxelles, dans le Brabant, en Belgique voire plus loin (Marc était délégué UEFA lors de rencontres inter- nationales), est difficile à expliquer en peu de mots. Marc Roosens, lui et moi, avions jeté les bases de ce qui s’est depuis grandement développé et est maintenant le Brussels Football. Je me souviens que cela s’était discuté puis décidé dans un restaurant où nous aimions tous deux nous rendre : « Le Château du Mylord » à Ellezelles. Nous y allions 4 ou 5 fois par an et pendant… 5 heures d’un repas divin (et quelques verres aussi), nous parlions de foot, mais aussi de tout et de rien. Nous avions les mêmes avis sur beaucoup de points, et nous étions d’accord sur le fait qu’en foot provincial dit « senior », on accorde souvent trop d’importance aux choses par rapport à ce qu’elles nécessitent réellement. Marc savait aussi être autoritaire et prendre des décisions. Pour que le football féminin puisse se développer de la sorte, il a dû changer des choses et sortir des gens de leur zone de confort. Avant, le foot féminin drainait tout au plus 200 spectateurs alors que maintenant, les stades sont garnis de 7000 supporters quand l’équipe nationale joue et parfois, la rencontre est même télévisée! Je terminerai en disant que j’ai vraiment perdu un ami intime. J’en avais déjà perdu un autre en la personne de Clément Van Steerteghem du Léopold. Faudrait peut-être que cela s’arrête…»

Paul Strecker, RU Auderghem

«Quand je suis arrivée en équipe nationale en 2005, Marc Lesenfants était déjà en poste même si, selon moi, il n’a réellement intégré le comité exécutif qu’en 2008. Je l’ai connu pendant treize ans et il est indéniable qu’il a joué un rôle considérable. Il avait un bagout et une vision incroyables, qui lui ont permis de s’entourer de personnes compétentes et de développer le foot féminin comme il l’a fait. Je crois aussi qu’il a eu l’intelligence d’esprit d’aller voir ailleurs ce qui se passait et d’essayer ensuite de transposer les bonnes choses en Belgique. Quoi qu’il en soit, ce fut un précurseur. Il prenait la parole lors de chaque rassemblement des Red Flames et était respecté des deux côtés de la frontière linguistique. Je suis convaincue que sa plus grande fierté sportive fut notre qualification et notre magnifique parcours à l’Euro hollandais il y a quelques mois. C’était une sorte d’aboutissement pour lui-même si une place en Coupe du Monde eut été plus belle encore. Il avait toujours un mot gentil pour chaque joueuse et était à l’écoute. Je ne le remercierai jamais assez pour ce qu’il a fait pour nous toutes. »

Aline Zeler, Red Flames

«Cela fait déjà plusieurs mois aujourd’hui que notre ami Marc nous a quitté. Beaucoup de choses ont été dites, je ne reviendrai plus sur son parcours et les détails. Je souhaite plutôt parler de l’homme que j’ai connu et côtoyé. Je choisis les termes d’ambition modeste parce que pour moi, c’était un peu cela… Marc ne cessait jamais de rêver d’aller plus loin. Il avait beaucoup d’ambition, mais elle n’était jamais personnelle ou démesurée. c’était quelqu’un qui savait rester simple et modeste, toujours présent, un maximum dans l’ombre, car son but était de faire avancer les choses et non pas de se mettre en avant. J’ai souvent entendu d’autres personnes parler de lui comme un rêveur… Oui c’est vrai, c’était un rêveur. Mais il s’est toujours donné les moyens de ses ambitions car c’était un bosseur. Quand il s’était proposé pour gérer le football féminin au Comité Exécutif, beaucoup étaient surpris mais il suffit de regarder aujourd’hui son évolution pour se dire qu’il avait raison. Pourtant, Marc ne s’en vantait jamais.

Je me rappelle de nos premiers contacts : j’étais jeune administrateur de club, il était Président des Clubs de Bruxelles. Il m’a fallu le temps de gagner sa confiance, c’était toujours un des premiers à dire qu’il fallait des jeunes à la Fédération et à me soutenir dans les différents projets. Marc m’a guidé, conseillé, appris les rouages de la fédération et j’en passe. Il aimait beaucoup partager ses anecdotes. C’était un passionné, le type de personne qui nous rend fier d’être son ami. Et puis un jour, il m’a appelé pour m’inviter à manger avec lui et Marc Roosens. J’étais surpris qu’il ait été aussi sérieux et solennel au téléphone. A ma plus grande surprise, il avait décidé de passer le flambeau et m’a proposé de lui suc- céder comme Président de Bruxelles pour se concentrer sur le football féminin qui prenait un essor important. Quelques mois plus tard, il avait non seulement tenu sa parole, mais jusqu’au bout, j’ai pu compter sur lui comme un mentor. Jusqu’au bout, c’était un passionné, fidèle à Bruxelles… un « tof pey » comme on dit chez nous. »

Benjamin Vasseur, Président de Brussels Football